Très chère Zibeline-André

J'entretiens assidûment, depuis une douzaine, une fort belle correspondance avec une jeune femme de ma connaissance prénommée comme on veut qu'elle s'appelle. Non, il ne s'agit pas d'une amie imaginaire, elle existe bien, même qu'on peut faire des sorties avec elle et lui donner des coups de pied. Je l'aime de mille feux car elle est fort sympathique, enjouée et imaginative. Je voudrais vous présenter ci-à présent, mes bien chers lecteurs, un extrait de nos ubuesques missives électroniques. Nous communiquons le plus souvent pour ne rien nous dire. Juste pour le plaisir des mots et de s'inventer des prénoms et des histoires. Voici une lettre que je lui envoyai en dix. Si ça ne vous fait pas sourire, je ne m'en formaliserai pas et je rirai toute seule. Pff ! Aucun humour !

Jean Michel Rodolphe,

Le manque de vous me condamne à de  violents spasmes que je ne sais contrôler.
Pour ne pas vous mentir, je dirai même que je calme de temps à autre mes excès de bile avec le père Hervé. Mais je me réserve pour vous les autres soirs.
Je comprends votre position : votre amie vous presse et vous mande à son chevet. Elle a peut-être quelque humeur et vous devez être présent.

Je ne vous gronderai pas Jean-Mi si vous me direz tout en temps voulu.

Demain je travaille chez un apothicaire toute la journée. Le soir, je vais à mes cours de comédie exceptionnellement. Et dimanche, mon père m'a convoqué en des fêtes dionysiaques qu'il m'inflige chaque mois en période menstruelle "pour fêter ton anniversaire qu'il me dit" (mon pauvre ami je n'ai même pas eu le temps de dire mon chapelet en me badigeonnant de  sang tant je suis occupée ces derniers temps) et moi je ne sais pas dire non.
Je vous impose d'être présent à mes côtés cette semaine en 10 même s'il s'agit d'un jour bissextile.

Je vous aime grand vilain garnement.

A tantôt,

Sylviane